Stephane2008

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Compagnie du Barrage: carnet de route

 

Le journal Sud-Ouest rappelle à travers un carnet de route les actions menées par la Compagnie du Barrage depuis sa création en 2005.

En 2005, Maud Andrieux mettait en scène « Un barrage contre le Pacifique », qui, depuis, a fait une longue route à travers le monde. Carte postale.

Pourquoi « Un barrage contre le Pacifique » ?

Je suis très attirée par l’Asie sans raison consciente. En 2003, je pars au Vietnam et découvre Hanoi. Je me rends dans les montagnes et arrive deux jours plus tard en jeep dans la plaine de Dien Bien Phu. De retour en France, je lis le roman « Un barrage contre le Pacifique » de Duras offert quelques mois plus tôt par mon ami Stéphane Boudy. Je réalise ensuite une adaptation théâtrale du roman, j’ai été bouleversée par l’histoire et l’écriture de Duras.

Septembre 2005 – Saigon, Vietnam

Avant de partir au Vietnam en 2005 juste après la création du spectacle « Un barrage contre le Pacifique » à Bordeaux, je prends des cours de vietnamien au Grand Parc grâce à l’association franco-vietnamienne de Bordeaux. J’y rencontre l’artiste plasticien Bertrand Perret qui étudie aussi le vietnamien dans la perspective d’un long séjour. Une fois à Saigon, nous nous revoyons.

Il me présente son administrateur d’alors Ghislain Mérat, ex-directeur de CCF en Afrique. Ce dernier est intéressé par le spectacle et en parle au Consul de France à Saigon Nicolas Warnerie. L’attaché culturel prend l’initiative d’inclure le spectacle dans une semaine entièrement dédiée à Duras. Hasard de ma présence au Vietnam, ce sont les dix ans de sa mort en 2006. Et le roman raconte une part d’adolescence de l’auteur au Vietnam et au Cambodge. Je ferai la connaissance lors de cette semaine de Yann Andréa, son compagnon et Hélène Bamberger qui a beaucoup photographié Duras.

Mars 2006 – Spectacle à Siem Réap, Cambodge

Nous arrivons dans la salle de spectacle à Siem Réap/Angkor. Avec les Cambodgiens, nous installons décor et projecteurs rapidement puis je leur demande de fixer les gélatines ambres nécessaires à l’ambiance du spectacle : une lumière orangée qui recrée la chaleur asiatique. Le régisseur en chef ne comprend pas. Il est plutôt habitué à créer des lumières pour des shows karaoké. Voyant mon embarras, il me dit gentiment de ne pas m’inquiéter, il va aller en acheter au marché…je suis sceptique.

Il revient et me présente du papier cadeau transparent de couleur orange. Ça ne supportera pas la chaleur. Il les installe quand même et allume les projecteurs. Le papier prend feu instantanément. Nous recevrons les gélatines ambres par avion le jour de la représentation et ce sera la directrice du CCF qui fera elle-même la régie !

Novembre 2006 – Casablanca, Maroc

Au retour de la tournée asiatique, je contacte la Mairie de Bordeaux, qui a soutenu le projet lors de sa création, pour m’aiguiller concernant une suite de diffusion internationale. Je sais que Bordeaux est jumelée avec onze villes de par le monde. Les discussions s’orientent vers Casablanca. Nous y jouerons en octobre 2008.

Sur place, je suis touchée par les marques de gentillesse des élèves du lycée Al Jabr. Leur lycée est magnifique, la végétation luxuriante contraste  avec les murs blanchis à la chaux. Les élèves curieux et intéressés, connaissent l’œuvre sur le bout des doigts et posent des questions pertinentes. C’est un moment fort pour moi : je viens tout juste d’accoucher de ma petite fille et c’est la « reprise » de mon métier de comédienne.

Les élèves me disent : « Vous aviez des larmes lorsque vous parlez des enfants de la plaine qui meurent avant d’avoir pu chanter sur les buffles à cause des maladies tropicales. Pleurez-vous à chaque fois que vous jouez ce passage ? ». Je leur réponds émue que non, que ce passage je l’ai dit et ressenti différemment maintenant que je suis maman… »

Novembre 2007 – Administration France et Turquie

Nous sommes une petite structure et n’avons pas les moyens de créer un emploi d’administrateur. C’est donc Sophie Dutheil, la présidente, ainsi que moi-même qui procédons au travail de recherche de dates dans le monde. Plusieurs centres culturels français dans les pays baltes veulent programmer notre spectacle. Malheureusement le projet tombe à l’eau au bout de trois mois de travail.

Les attachés culturels m’expliquent que le français est une langue difficile et que programmer de la danse est plus accessible. Je réponds que le théâtre me paraît pourtant être un bon vecteur pour donner envie de lire et d’apprendre le français… Ils finissent par m’avouer que programmer des professionnels devient de plus en plus difficile à cause des réductions budgétaires.

Je prends donc l’initiative de recruter des stagiaires pour démarcher les centres culturels à l’étranger, me sentant trop impliquée dans la production pour conserver le ton neutre et bienveillant nécessaires à une bonne communication. Les stagiaires de la compagnie téléphonent aux quatre coins du monde. Parfois, on n’y programme pas de théâtre, d’autres CCF n’ont pas de moyens techniques pour recevoir des spectacles…

Et puis un matin, le directeur du CCF d’Izmir nous dit qu’il connaît l’œuvre et qu’il a décidé d’organiser une tournée du spectacle « Un barrage contre le Pacifique » en Turquie pour la fête de la francophonie 2009 : Izmir, Ankara, Istanbul sont nos prochaines destinations.

Novembre 2008 – Katmandou, Népal

Nous sommes de nouveau en Asie pour un long séjour à Chiang Mai en Thaïlande. La troisième production théâtrale de la compagnie va être écrite ici. Ce sera l’adaptation du Vice Consul de Marguerite Duras. Nous achetons des marionnettes birmanes à la frontière de Mae Saï car j’ai un projet de création avec l’école municipale d’art de Parempuyre en 2010.

L’alliance française de Katmandou répond favorablement à l’idée d’être partenaire de notre recueil de nouvelles 2009. Nous éditons chaque année, depuis 2006, des auteurs de littérature contemporaine. Cette édition fait suite à un concours de nouvelles francophone (depuis 2007). Les élèves népalais d’une classe de niveau avancé en français seront au jury ! Devant le succès de cette édition, nous envisageons un concours de nouvelles intermédiaire : notre premier concours d’été.

Nous repartons à l’étranger dans une quinzaine de jours. Direction la Turquie. Trois dates, trois lieux à investir, trois équipes de travail et un même spectacle. C’est ce qui est magique avec le spectacle vivant. Et le transporter auprès d’autres cultures, d’autres publics m’intéressent tout particulièrement. »

Maud Andrieux, propos recueillis par Antoine de Baecke./ journal du 11 mars 2009

 

 

 

 

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